Développer des options pour protéger les tourbières du bassin central du Congo et les moyens de subsistance des populations dépendantes de cet écosystème

Un autochtone Mbendjele ramassant des feuilles de koko (Gnetum spp.) pour se nourrir dans la forêt marécageuse de tourbière. Crédit : Cassandra Dummett

« Il est encore possible de protéger les tourbières en état quasiment intact, en s’appuyant sur le financement pour l’atténuation du changement climatique, qui peut être déployé non seulement pour protéger le carbone contenu dans la tourbe mais aussi pour améliorer les moyens de subsistance des habitants qui vivent à l’intérieur des tourbières et aux alentours. » (Dargie et al., 2018)

Résumé

Le plus vaste complexe de tourbières tropicales au monde se situe dans le bassin central du Congo. Il stocke près de 30 milliards de tonnes de carbone, ce qui représente trois ans d’émissions mondiales liées aux combustibles fossiles.  Ce complexe accueille des Peuples Autochtones et des communautés locales dont les moyens de subsistance dépendent de la forêt marécageuse de tourbière. C’est aussi un refuge pour une biodiversité exceptionnelle, notamment des gorilles de plaine et des éléphants de forêt.

Malgré son importance, le complexe de tourbières du bassin central du Congo est menacé par l’exploitation forestière et minière, l’exploration pétrolière et le changement climatique. Il n’en reste pas moins que la volonté politique de protéger les tourbières est considérable dans les deux pays qui les abritent. Moins d’un an après la première cartographie des tourbières, la République du Congo et la République démocratique du Congo ont signé la déclaration de Brazzaville, s’engageant en faveur de la gestion durable des tourbières. Le soutien international prend de l’ampleur, motivé par la possibilité de combiner le développement durable, l’atténuation du changement climatique et la protection de la biodiversité.

En République du Congo, le gouvernement a adopté une loi qui interdit les activités industrielles dans les tourbières, et son Programme d’utilisation durable des terres (PUDT) vise à définir un statut légal spécial réservé aux tourbières. Les Contributions déterminées au niveau national de la République du Congo attirent l’attention sur la gestion durable des tourbières par le gouvernement et demandent une reconnaissance internationale et une compensation pour ces efforts. 

Un nouveau projet de recherche – Développer des options pour protéger les tourbières du bassin central du Congo et les moyens de subsistance des populations dépendantes de cet écosystème – financé par la Fondation Grantham pour la protection de l’environnement, évalue la façon dont les parties prenantes, y compris le gouvernement, les Peuples Autochtones et les Communautés Locales (PACL), le secteur privé, les organisations de la société civile et d’autres groupes, utilisent les tourbières, dans la perspective de développer un large consensus sur les options pour leur gestion durable. Il se concentre sur les tourbières de la République du Congo, qui couvrent environ un tiers de la superficie des tourbières du bassin central du Congo.

Objectif

L’objectif du projet est de produire des recherches originales et rigoureuses qui montrent comment les tourbières de la République du Congo et les moyens de subsistance qu’elles fournissent peuvent être protèges, tout en apportant des avantages aux Peuples Autochtones et Communautés Locales afin de favoriser leur développement durable.

Plan de recherche

D’une durée de douze mois, le projet de recherche comporte trois volets :

1) Identification des parties prenantes, des avantages qu’elles tirent des tourbières, ainsi que leurs attentes et aspirations futures.  Il s’agit notamment de mener des recherches primaires auprès des Peuples Autochtones et des communautés locales dans les tourbières de la République du Congo, afin de comprendre l’usage et la valeur qu’elles confèrent aux tourbières, y compris les avantages et les valeurs financières et non financières.

2) Une analyse visant à identifier les lois, les politiques et les autres instruments, ainsi que les sources de revenus accessibles, qui peuvent répondre aux attentes des parties prenantes et fournir des avantages à l’avenir, tout en protégeant les tourbières. Nous prévoyons d’identifier les coûts et les mécanismes de financement des options de protection, ainsi que les facteurs favorables, les synergies, les compromis et les lacunes critiques dans les connaissances pour la recherche future.

3) Nous faciliterons un atelier à Brazzaville en octobre 2024 réunissant les parties prenantes pour codévelopper des options pour la gestion durable des tourbières.

Livrables

D’ici la fin de l’année 2024, nous publierons un rapport complet sur les options pratiques, applicables et chiffrées pour la gestion durable des tourbières et le développement durable des communautés qui y vivent, afin de protéger les moyens de subsistance et les tourbières dont ils dépendent. Il sera diffusé à toutes les parties prenantes impliquées dans le projet et publié sur le site internet de CongoPeat sous la rubrique Briefings.

Équipe de recherche

Le professeur Simon Lewis, titulaire de la chaire de sciences du changement global à l’University College de Londres (UCL) et à l’université de Leeds, au R.-U., et le professeur Suspense Averti Ifo de l’université Marien N’Gouabi (UMNG), à Brazzaville, en République du Congo, codirigent le projet avec une équipe de chercheurs principaux, Cassandra Dummett, spécialiste du développement à l’UCL, le Dr Jonas Ngouhouo-Poufoun, économiste des ressources naturelles et de l’environnement également à l’UCL, et des assistants de recherche, Lettycia Moundoungas Mavoungou, spécialiste de l’environnement à l’UMNG, Eustache Amboulou, sociologue, spécialisé dans les populations et le développement à l’UMNG et Jaufrey Bamvouata, socio-économiste à l’UMNG. Le projet s’appuie sur un projet scientifique à long terme, CongoPeat, qui a réalisé la première cartographie des tourbières du bassin central du Congo.

La rivière Sangha bordée par la forêt tropicale. Crédit : Cassandra Dummett